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— Approche donc ! poursuivis-je.

Quand il fut tout près de moi, je le pris par les épaules, je commençai à l’examiner, mais il me fut impossible de le reconnaître ; à peine l’eus-je touché que tout d’un coup la mémoire m’abandonna. J’entendis seulement qu’il murmurait quelque chose en français : « Di-ca-ti-li-ca-ti-pe » ; je ne compris pas ce qu’il voulait dire.

— Qu’est-ce que tu baragouines ? lui demandai-je.

Di-ca-ti-li-ca-ti-pe, répéta-t-il.

— Finis-en avec ton jargon, imbécile, et dis-moi en russe qui tu es, car je ne te remets pas.

Di-ca-ti-li-ca-ti-pe, répondit-il ; — je suis le magnétiseur.

— Pfou, quel polisson !

Durant une petite minute, je crus le reconnaître, mais, en l’observant avec plus d’attention, je lui vis deux nez !… Deux nez, ni plus ni moins ! Cette circonstance m’inspira de nouveaux doutes sur son identité.