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niers qui devaient la conduire au prince et, quand je l’eus mise en route, je voulus faire une sortie pour me consoler. Mais ma situation était alors tout à fait extraordinaire. Je vous ai dit quelle était mon habitude invariable : si je sentais le besoin d’aller m’amuser, je me rendais auprès du prince, je lui remettais tout l’argent qui se trouvait entre mes mains (c’était toujours une somme importante) et je lui disais : « Je m’absente pour tant de jours. » Oui, mais dans le cas présent comment pratiquer cette règle puisque le prince lui-même était absent ? « Non, me dis-je, cette fois je n’irai pas boire, car mon barine n’est pas ici et il m’est impossible de régler la situation avant de sortir. » Je n’avais en effet personne à qui remettre les fonds dont j’étais détenteur, et il ne s’agissait pas d’une bagatelle, mais de plus de cinq mille roubles. Je décidai donc que je devais renoncer à ma sortie et je m’efforçai de rester fidèle à cette résolution ; mais à mesure que je me raidissais contre moi-même, la ten-