Page:Leskov - Le Voyageur enchanté.djvu/185

Cette page a été validée par deux contributeurs.

on applique de la graisse par là-dessus, et à la suite de l’opération le cheval redresse ses oreilles, mais pas pour longtemps : quand la peau s’est relâchée, les oreilles retombent. Si celles-ci sont trop longues, on les rogne et, pour les faire tenir droites, on y introduit de petites cornes. Si le chaland cherche à appareiller des chevaux et que l’un d’eux ait, par exemple, une étoile sur le front, le maquignon a vite fait de fabriquer la même étoile à l’autre : il passe le poil à la pierre ponce, ou bien il prend une rave cuite et l’applique toute brûlante à l’endroit où il faut faire pousser du poil blanc. Le résultat est immédiat ; seulement, si on y regarde de près, on voit que le poil de la tache ainsi obtenue est toujours un peu plus long que celui de la tache naturelle ; l’étoile produite artificiellement fait saillie comme une verrue. Avec les yeux, le public est encore mieux mystifié. Tel cheval a de petites fossettes au-dessus de l’œil, c’est d’un vilain effet, mais le maquignon perce la peau avec une épingle,