Page:Leskov - Le Voyageur enchanté.djvu/179

Cette page a été validée par deux contributeurs.


X


Lorsqu’on m’eut délivré un passeport, je partis sans savoir ce que j’allais devenir. J’arrivai dans une foire où je vis un Tsigane et un moujik en train de faire un échange de chevaux. Le Tsigane procédait dans cette affaire avec une insigne déloyauté. Pour démontrer comme quoi son cheval était plus vigoureux que celui du paysan, il avait attelé le premier à une charrette remplie de millet et le second à un chargement de pommes. Comme de juste, bien que le poids à déplacer fût le même de part et d’autre, le cheval du moujik suait à grosses gouttes, car l’odeur des pommes, qui est si désagréable aux chevaux, lui ôtait ses forces. Je m’aperçus en outre que le cheval du Tsigane était sujet aux défaillances ; cela se remarquait tout de suite : il avait