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Quand ils la virent flamboyer au-dessus d’eux, l’effroi des Tatares atteignit les dernières limites et, même après qu’elle se fut éteinte, ils restèrent couchés le visage contre terre. Un seul releva la tête un tant soit peu, mais presque aussitôt il la baissa et se borna à m’appeler d’un petit signe. Je m’approchai de lui.

— Eh bien ! quoi ? l’interpellai-je. — Qu’est-ce que tu veux, maudit ? La mort ou la vie ?

(Je voyais que déjà ils avaient de moi une peur atroce.)

— Pardonne, Ivan : ne nous donne pas la mort, accorde-nous la vie !

Ailleurs, d’autres aussi m’appelaient du geste auprès d’eux ; c’était à qui me demanderait la vie, me prierait de lui pardonner.

Je m’aperçois que mon affaire est en bon train : sans doute Dieu juge dans sa miséricorde que j’ai suffisamment expié mes péchés. « Très sainte Reine du ciel ! dis-je du fond de