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rouge au lieu d’être bigarré, et que sa tête était coiffée du bonnet pointu en usage chez les Persans ; l’autre, un roux, avait aussi un khalat, mais de diverses couleurs ; il tenait toujours en mains certaines petites boîtes et, dès qu’il se trouvait à l’abri des regards indiscrets, il jetait bas son khalat, sous lequel il portait un pantalon et une jaquette de même coupe que les vêtements analogues confectionnés en Russie par les tailleurs allemands. Et toujours il tripotait dans ses boîtes, mais que contenaient-elles ? le diable le savait.

À les en croire, les deux étrangers étaient venus de Khiva pour acheter des chevaux, parce que là-bas, dans leur pays, on voulait faire la guerre. À qui ? ils ne le disaient pas, seulement ils ne cessaient d’exciter les Tatares contre les Russes. Ils n’avaient pas apporté d’argent, parce que, en leur qualité d’Asiatiques, ils savaient que si on va dans la steppe avec de l’argent, on n’en revient pas avec sa tête sur ses épaules ; mais la horde, assuraient-ils, n’avait qu’à amener les chevaux sur les