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estre ; il creusa là un trou dans le sable et y resta enseveli jusqu’au cou pendant treize ans. Dans cette situation, il ne laissait pas, chaque samedi, de faire cuire un agneau pour son repas, et ce au moyen du feu que Dieu lui envoyait du ciel. Si un cousin ou une mouche se posait sur son nez pour lui sucer le sang, ces insectes étaient aussi dévorés par le feu céleste… L’histoire du savant rabbin plut beaucoup aux Asiatiques, mais, après avoir prêté une oreille attentive à ce récit, ils prièrent le Juif de leur dire où il avait caché l’argent qu’il avait apporté avec lui. Vainement il jura ses grands dieux qu’il n’avait pas d’argent, que le Seigneur l’avait envoyé sans autre viatique que la sagesse ; les Tatares n’en crurent rien et bernèrent le vieillard en le faisant sauter sur une peau de cheval couverte de charbons ardents. « Parle : où est l’argent ? » ne cessaient-ils de répéter. Quand ils s’aperçurent qu’il était devenu tout noir et qu’il ne proférait plus un mot, ils mirent fin à cet exercice ; « Assez, dirent-ils,