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amener l’Asiatique à la foi chrétienne, et eux ils prêchent à ces gens-là un dieu de douceur. Cette méthode ne vaut rien, car un dieu doux, un dieu qui n’est pas terrible, l’Asiatique s’en moque et il tue ses missionnaires.

— Mais le principal, apparemment, quand on va chez les Asiatiques, c’est de n’avoir sur soi ni argent ni objets de prix.

— Oui, il est bon de n’en pas avoir ; du reste, peu importe : ils ne veulent pas croire qu’on soit venu chez eux sans argent ; ils s’imaginent, en pareil cas, que le voyageur a enterré son magot dans quelque endroit de la steppe, et ils le mettent à la torture pour lui arracher le secret de sa cachette.

— Voilà des brigands !

— Oui ; le fait est arrivé, pendant que j’étais là, à un vieux Juif venu on ne sait d’où, et qui voulait aussi les convertir. C’était un brave homme, évidemment plein de zèle pour sa foi, mais si déguenillé qu’on voyait toute sa personne à travers ses haillons. Il se mit à discourir sur la religion ; je crois