avoir pris la fuite, êtes-vous retombé entre leurs mains ?
— C’était inévitable ; figurez-vous une steppe tout unie, où il n’y a pas de route tracée, aucun moyen de se procurer des vivres… Je marchai pendant trois jours et je fus bientôt à bout de forces ; j’attrapai avec mes mains un oiseau que je mangeai tout cru, mais quelques heures plus tard la faim recommença à me tourmenter… Impossible aussi de trouver de l’eau à boire… Comment poursuivre mon voyage ?… Je tombai épuisé sur le sol ; les Tatares qui étaient à ma recherche me découvrirent, s’emparèrent de moi et me mirent les pieds dans l’état que vous savez.
Un des auditeurs observa à propos de ce supplice qu’il ne devait pas être commode de marcher sur ses chevilles.
— Dans les premiers temps c’était très pénible, répondit Ivan Sévérianitch, — et même par la suite, quoique l’habitude m’eût rendu cela plus facile, il m’a toujours été impossible de marcher beaucoup. Mais c’est une justice à