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chose d’estropier ainsi un homme, et vous trouvez qu’il n’y a pas là de quoi se fâcher ?

— C’est une habitude à prendre, me firent observer les Tatares, — ne pose pas la plante de tes pieds par terre, marche sur tes chevilles en écarquillant les jambes.

Je me détournai d’eux et cessai de leur parler. « Pfou ! Tas de coquins ! les injuriai-je mentalement ; je mourrai plutôt que de marcher comme vous me le conseillez ! » Mais ma résolution ne dura guère : au bout d’un certain temps, la position horizontale me devint si insupportable que j’essayai de me déplacer, et peu à peu j’en vins à me traîner clopin clopant sur mes chevilles. La vérité m’oblige à reconnaître que, loin de se moquer de moi en cette occasion, les Tatares, au contraire, ne me ménagèrent pas les encouragements.

— Voilà qui est bien, disaient-ils, — à la bonne heure, Ivan, tu marches.

— Quel malheur ! Mais comment, après