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Tchepkoun se leva : son dos ruisselait de sang, mais rien en lui ne trahissait la souffrance ; il s’élança sur le dos de la jument après y avoir d’abord placé son khalat et son vêtement de dessous, puis il se vautra contre le cheval et dans cette position se mit à le faire trotter.

L’ennui me ressaisit. Maintenant que le spectacle avait pris fin, je repensais à ma situation et j’aurais voulu à tout prix pouvoir écarter cette idée.

Heureusement mon voisin m’arracha à mes pénibles préoccupations.

— Attends, fit-il, — ne t’en va pas ; pour sûr il se passera encore quelque chose ici.

— Qu’est-ce qui peut encore se passer ? répliquai-je ; — tout est fini.

— Non, ce n’est pas fini ; tiens, regarde comme le khan Djangar brûle sa pipe : c’est signe qu’il médite encore quelque chose à part lui, une idée tout à fait asiatique.

« Ah, pensai-je, s’il arrive encore une chose du même genre, Dieu veuille que quelqu’un me confie ses intérêts, je serai bon là !