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manda qu’on les fit entrer, et ils lui montrèrent le plan de l’ouvrage qu’ils voulaient faire en cette petite maison ; ils y avaient ajouté un grand jardin et un grand parc qui aurait été parfait, s’ils eussent pu abattre une petite chaumière qui se trouvait au beau milieu d’une des allées de ce parc, et qui en gâtait la symétrie. « Pourquoi n’avez-vous pas ôté cette bicoque ? dit le roi Violent en parlant aux officiers et aux architectes. — Seigneur, lui répondirent-ils, notre roi nous avait défendu de faire violence à personne, et il s’est trouvé un homme qui n’a jamais voulu vendre sa maison, quoique nous ayons offert de la lui payer quatre fois plus qu’elle ne vaut. — Si ce coquin-là était mon sujet, je le ferais pendre, dit Violent. — Vous videriez votre gobelet auparavant, reprit la fée. — Je crois que le gobelet ne pourrait lui sauver la vie, répondit Violent ; car, enfin, n’est-il pas horrible qu’un roi ne soit pas maître dans ses États, et qu’il soit contraint d’abandonner un ouvrage qu’il souhaite d’achever, par l’obstination d’un faquin qui devrait s’estimer trop heureux de faire sa fortune en obligeant son maître, sans le forcer à l’y contraindre ou à abandonner son dessein ? — Je ne ferai ni l’un ni l’autre, dit Tity en riant, et je prétends que cette maison devienne le plus bel ornement de mon parc. — Oh ! je vous en défie, dit Violent : elle est placée de telle façon qu’elle ne peut servir qu’à le gâter. — Voici ce que je ferai, dit Tity : je la ferai entourer d’une muraille assez haute pour empêcher cet homme d’entrer dans mon parc, mais pas assez pour lui en ôter la vue, car il ne serait pas juste de l’enfermer comme dans une prison. Sur cette muraille on lira ces paroles, écrites en lettres d’or :

« Le roi qui fit dessiner ce parc aima mieux lui laisser ce