Page:Lescure - Le Monde enchanté.djvu/545

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fut forcée d’accepter les propositions de son fils. Ce prince se vit donc paisible possesseur de son royaume, et il épousa la belle Biby, au contentement de tous ses sujets, qui furent charmés d’avoir une si aimable reine.

Tity, étant monté sur le trône, commença par rétablir le bon ordre dans ses États ; et, pour y parvenir, il publia que tous ceux qui voudraient se plaindre à lui des injustices qu’on leur aurait faites seraient les bienvenus ; il défendit aux gardes de renvoyer une seule personne qui aurait à lui parler, quand même ce serait un homme qui demanderait l’aumône : « Car, disait ce bon prince, je suis le père de tous mes sujets, des pauvres comme des riches. » D’abord les courtisans ne s’effrayèrent point de ce discours ; ils dirent : « Le roi est jeune, cela ne durera pas longtemps ; il prendra goût aux plaisirs, et sera forcé d’abandonner à ses favoris le soin des affaires. » Ils se trompèrent : Tity ménagea si bien son temps, qu’il en eut pour tout ; d’ailleurs, le soin qu’il eut de punir les premiers qui commirent des injustices fit que personne n’osa plus s’écarter de son devoir. Il avait envoyé des ambassadeurs au roi Violent pour le remercier du secours qu’il lui avait préparé. Ce prince lui fit dire qu’il serait charmé de le voir encore une fois, et que s’il voulait se rendre sur les frontières de son royaume, il y viendrait volontiers pour lui faire visite.

Comme tout était fort tranquille dans le royaume de Tity, il accepta cette partie, qui convenait au dessein qu’il avait formé d’embellir la petite maison où il avait vu sa chère Biby pour la première fois. Il commanda donc à deux de ses officiers d’acheter toutes les terres qui étaient alentour, mais il leur défendit de forcer personne : « Je ne suis pas roi,