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dre la liberté à Violent, et ne lui rien demander en échange : je sais qu’il est généreux, il deviendra notre ami, et son amitié vaudra mieux pour nous que son royaume, qui ne nous appartient pas ; j’éviterai par là une guerre qui coûterait la vie à plusieurs milliers d’hommes. » Ce que Tity avait prévu arriva. Violent fut si charmé de sa générosité, qu’il jura une alliance éternelle avec le roi Guinguet et avec son fils.

Cependant Guinguet fut fort en colère quand il apprit que Tity avait rendu la liberté à Violent sans lui faire payer beaucoup d’argent ; et le prince avait beau lui représenter qu’il lui avait donné ordre d’agir comme il voudrait, il ne pouvait lui pardonner. Tity, qui aimait et respectait son père, tomba malade de chagrin de lui avoir déplu. Un jour qu’il était seul dans son lit, sans penser que c’était le premier jour du mois, il vit entrer deux jolis serins par la fenêtre, et fut fort surpris lorsque ces deux serins, reprenant leur forme naturelle, lui présentèrent la fée et sa chère Biby. Il allait remercier la bonne fée, quand la reine entra dans l’appartement, tenant dans ses bras un gros chat qu’elle aimait beaucoup, parce qu’il prenait les souris qui mangeaient ses provisions, et qu’il ne lui coûtait rien à nourrir. Dès que la reine vit les serins, elle se fâcha de ce qu’on les laissait courir, parce que cela gâtait les meubles. Le prince lui dit qu’il les ferait mettre en cage ; mais elle répondit qu’elle voulait qu’on les prît sur-le-champ, qu’elle les aimait beaucoup, et qu’elle les mangerait à son dîner. Le prince, désespéré, eut beau prier, tous les courtisans et les domestiques couraient après les serins, et on ne l’écoutait pas : un valet saisit un balai et fit tomber à terre la pauvre Biby. Le prince se jeta