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enfants, quoique parfaitement corrigés de leurs défauts, ne reprendraient leur première forme qu’en présence des jeunes époux, et lorsqu’ils seraient arrivés chez le roi leur père. Puis, l’ayant rendue visible, et ayant déterminé le moment du départ, elle lui confia la conduite des six enfants dont elle avait pris soin, et lui ordonna de leur choisir des époux et des épouses ; ensuite elle fit venir Judicieuse, et la chargea d’accompagner le prince et la princesse. Ces aimables enfants répandirent des larmes en quittant celle à qui ils devaient leur bonheur ; et cette généreuse reine, en les embrassant tendrement, leur promit son amitié et les vit partir avec regret.

Ils ne tardèrent pas à se rendre à la cour de Pétaud. Ce roi y était depuis quelques jours dans un embarras extrême. La reine sa mère, après avoir langui quelques années, avait laissé le trône vacant, et les députés de son royaume venaient inviter son fils d’y monter. Ils demandaient une audience, et on ne savait de quelle façon il fallait la leur accorder. Pétaud était incertain s’il devait être debout ou assis, à pied ou à cheval : pour cet effet, on assembla le conseil, où chacun décida à l’ordinaire. Le sénéchal Caboche prétendit que le roi devait être debout, et soutint qu’il avait ouï dire que l’empereur Charlemagne et les douze pairs de France étaient toujours debout, et qu’ils ne s’asseyaient que pour manger et pour se coucher. Le procureur fiscal opina pour que Sa Majesté fût assise ; il dit pour ses raisons que le roi et les juges devaient toujours être à leur aise, et qu’après le lit il n’y avait rien de si commode qu’un fauteuil.

Le receveur, au contraire, fut d’avis que le roi parût à cheval, et il allégua que c’était la posture la plus noble pour