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arbres et les prairies y étaient toujours couverts de fruits et de fleurs, et la terre y produisait d’elle-même, et sans aucune culture, tout ce qui pouvait flatter le goût et les yeux. Les promenades y étaient charmantes, les jardins variés et remplis de jolis petits carrosses, de toutes les façons, traînés par des barbets à longues oreilles. Ce qu’il y avait de plus aimable, c’est que les murs des chambres des enfants étaient de sucre candi, les planchers d’écorce de citron confit, et les meubles d’excellent pain d’épice de Reims.

Quand on était bien sage, on avait beau en manger, il n’y paraissait jamais. On trouvait, outre cela, dans les rues et dans les promenades, toutes sortes de jolies petites poupées magnifiquement habillées, et qui marchaient et dansaient toutes seules. Les petites filles qui n’étaient ni fières, ni gourmandes, ni désobéissantes, n’avaient qu’à souhaiter, et sur-le-champ les bonbons et les fruits se détachaient d’eux-mêmes et venaient les trouver ; les poupées se jetaient dans leurs bras, et se laissaient habiller et déshabiller, caresser et fouetter avec une discrétion et une obéissance sans pareilles. Mais lorsqu’au contraire elles avaient commis quelque faute, la poupée s’enfuyait en faisant une grimace à celle qui l’appelait ; les bonbons se changeaient en chicotins, et la petite parure devenait vilaine et maussade.

À l’égard des petits garçons, lorsqu’ils n’étaient ni obstinés, ni menteurs, ni paresseux, ils avaient des polichinelles, des cerfs-volants, des raquettes et de tous les jouets qu’on peut imaginer. Mais quand les mies étaient mécontentes, les polichinelles se moquaient d’eux, leur jetaient au nez et leur disaient tout ce qu’ils avaient fait de mal ; les cerfs-volants manquaient de vent, les raquettes se trouvaient percées ;