Page:Lescure - Le Monde enchanté.djvu/471

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de calmer ses inquiétudes, et adressant la parole à une petite linotte qu’elle aperçut sur le ciel de son lit :

« Linotte, belle Linotte, lui dit-elle, je ferai tout ce qu’il vous plaira ; mais donnez-moi, je vous prie, lorsque vous en saurez, des nouvelles de mon petit Cadichon. »

À ces mots, la linotte battit des ailes, chanta et s’envola ; et la reine, persuadée que cela voulait dire : j’y consens, la remercia et lui fît une grande révérence.

Cependant le roi et son sénéchal, las d’avoir couru inutilement, revinrent à la maison, et trouvèrent la reine si tranquille, que le roi en fut presque scandalisé ; il lui fit plusieurs questions pour en savoir la raison, auxquelles Gillette ne répondit jamais que : Tout vient à point à qui peut attendre. Ce sang-froid l’impatienta si fort, qu’il se serait emporté contre elle, si son sénéchal ne lui eût remontré que Gillette avait raison, et que Pibrac et le conseiller Mathieu l’avaient dit avant elle dans un de leurs quatrains qu’il lui récita sur-le-champ.

Le roi, pour qui Caboche était un oracle, se tut et écouta avec attention un beau petit discours qu’il lui fit sur les inconvénients d’avoir des enfants, et sur les chagrins et la dépense qu’ils causent presque toujours à leur père et mère.

« Par mon sceptre ! dît le roi, le beau-père a raison, et ces sept marmots-là m’auraient ruiné, s’ils fussent restés plus longtemps chez moi : partant, grand merci à qui s’en est chargé : comme ils sont venus, ils s’en vont : il n’y a à tout cela que du temps de perdu ; aussi réjouissons-nous, c’est à recommencer. »

La reine, qui craignait de trop parler, ne répondit rien ;