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jour, et, étant las, ils avaient posé leur gibier à terre et s’étaient couchés sous un arbre pour se reposer ; ils s’endormirent.

Le fils du roi chassait aussi ce jour-là dans cette forêt ; il s’écarta de ses gens, et vint dans l’endroit où se reposaient nos deux jeunes bergers : il les considéra quelque temps avec admiration. Finfin avait la tête appuyée sur sa trousse et Mirtis avait la sienne sur l’estomac de Finfin.

Le prince la trouva si belle, qu’il descendit précipitamment de cheval et la regardait avec une grande attention. Il jugea, à leurs panetières et à la simplicité de leurs habits, que ce n’étaient que des bergers : il en soupira de douleur, parce qu’il avait déjà soupiré d’amour : cet amour même fut suivi, dans un instant, de la jalousie. La manière dont ces jeunes gens étaient lui fit croire qu’une telle familiarité ne venait que de l’amour qui les unissait.

Dans cette pensée inquiète, ne pouvant souffrir un sommeil trop long, il toucha de son épieu le beau Finfin. Il se réveilla en sursaut, et, voyant un homme devant lui, il porta la main sur le visage de Mirtis et l’éveilla aussi, en l’appelant sa sœur ; parole qui rassura, dans le même moment, le jeune prince.

Mirtis se leva toute étonnée ; elle n’avait jamais vu que Finfin. Le jeune prince était du même âge qu’elle. Il était superbement vêtu, il avait un visage tout rempli d’agréments. Il lui dit d’abord bien des douceurs ; elle les entendit avec un plaisir qu’elle n’avait pas encore senti ; et elle y répondit d’une manière naïve, pleine de grâce. Finfin voyait qu’il se faisait tard, et le faon était venu lui apporter son billet ; il dit à sa sœur qu’il fallait se retirer.

« Venez, mon frère, dit-elle au jeune prince, en lui