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pressement qui ne devait pas se mêler aux charmes nouveaux d’un mariage d’inclination, elle voulut le suivre ; et ce fut sur cette montagne, que Tarare et Fleur d’Épine ont passée pour venir ici, que mon père fixa ses spéculations errantes.

« Il choisit pour sa retraite cette partie de la montagne que des rochers et des précipices rendent affreuse. Ce fut là qu’il se mit à fouiller dans les entrailles de la terre, après avoir puisé dans les régions célestes tout ce que l’esprit humain est capable d’en apprendre.

« Bientôt il eut atteint la perfection presque inaccessible de ce travail merveilleux où les races suivantes virent tant d’esprits solides devenir visionnaires, et tant de solides trésors dissipés pour courir après un bien imaginaire.

« L’accomplissement de cet ouvrage ne lui laissa rien à souhaiter : il convertissait à son gré tous les métaux en or, et les puissances invisibles, répandues dans les airs, obéissaient à ses commandements. Il se fit, par leur ministère, un palais dans le milieu de cette montagne, où les choses même du plus vil usage éclataient par l’or ou brillaient par les pierreries.

« Ce fut dans cette nouvelle habitation que je vins au monde. L’année d’après, ma mère y mit au jour une seconde fille. J’eus l’inclination de mon père pour les sciences, ma sœur eut celle de ma mère avec sa beauté. Mais, toute merveilleuse que fût la retraite où nous étions, ma mère, aussi bien que ma sœur, s’ennuyèrent de la solitude : l’une voulait revoir un pays qui lui avait donné le jour ; l’autre souhaitait de faire un tour dans ces plaines délicieuses, situées entre le Tigre et l’Euphrate, que son père avait abandonnées pour le désert où elle séchait d’ennui.