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pour les mettre, et plusieurs raretés dont le prix est excessif ; elles lui promirent de m’élever en princesse, de me rendre parfaite et de me choisir un époux, qu’elle serait avertie de la noce, et qu’elles espéraient bien qu’elle y viendrait.

« Le roi fut ravi du retour de la reine, toute la cour lui en témoigna sa joie : ce n’étaient que bals, mascarades, courses de bagues et festins, où les fruits de la reine étaient servis comme un régal délicieux. Le roi les mangeait préférablement à tout ce qu’on pouvait lui présenter. Il ne savait point le traité qu’elle avait fait avec les fées, et souvent il lui demandait en quel pays elle était allée pour en rapporter de si bonnes choses ; elle lui répondait que les fruits se trouvaient sur une montagne presque inaccessible ; une autrefois, qu’ils venaient dans des vallons, puis au milieu d’un jardin ou dans une grande forêt. Le roi demeurait surpris de tant de contrariétés. Il questionnait ceux qui l’avaient accompagnée, mais elle leur avait tant défendu de conter à personne son aventure qu’ils n’osaient en parler. Enfin la reine, inquiète de ce qu’elle avait promis aux fées, voyant approcher le temps de ses couches, tomba dans une mélancolie affreuse ; elle soupirait à tout moment et changeait à vue d’œil. Le roi s’inquiéta ; il pressa la reine de lui déclarer le sujet de sa tristesse ; et, après des peines extrêmes, elle lui apprit tout ce qui s’était passé entre les fées et elle, et comment elle leur avait promis la fille qu’elle devait avoir. Quoi ! s’écria le roi, nous n’avons point d’enfants, vous savez à quel point j’en désire, et pour manger deux ou trois pommes vous avez été capable de promettre votre fille ! Il faut que vous n’ayez aucune amitié pour moi. » Là-dessus il l’accabla de mille reproches, dont ma pauvre