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une salle superbe par ses dorures et ses meubles. On voyait autour l’histoire des plus fameux chats : Rodilardus pendu par les pieds au conseil des rats, Chat botté, marquis de Carabas, le Chat qui écrit, la Chatte devenue femme, les Sorciers devenus chats, le Sabbat et toutes ses cérémonies ; enfin rien n’était plus singulier que ces tableaux.

Le couvert était mis ; il y en avait deux, chacun garni de son cadenas d’or ; le buffet surprenait par la quantité de vases de cristal de roche et de mille pierres rares. Le prince ne savait pour qui ces deux couverts étaient mis, lorsqu’il vit des chats qui se placèrent dans un petit orchestre ménagé exprès : l’un tenait un livre avec des notes les plus extraordinaires du monde, l’autre un rouleau de papier dont il battait la mesure, et les autres avaient de petites guitares. Tout d’un coup chacun d’eux se mit à miauler sur différents tons, et à gratter les cordes des guitares avec leurs ongles : c’était la plus étrange musique que l’on ait jamais entendue. Le prince se serait cru en enfer, s’il n’avait pas trouvé ce palais trop merveilleux pour donner dans une pensée si peu vraisemblable ; mais il se bouchait les oreilles, et riait de toute sa force de voir les différentes postures et les grimaces de ces nouveaux musiciens.

Il rêvait aux différentes choses qui lui étaient déjà arrivées dans ce château, lorsqu’il vit entrer une petite figure qui n’avait pas une coudée de haut. Cette bamboche se couvrait d’un long voile de crêpe noir. Deux chats la menaient ; ils étaient vêtus de deuil, en manteau et l’épée au coté ; un nombreux cortège de chats venait après : les uns portaient des ratières pleines de rats, et les autres des souris dans des cages.