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de la Belle au bois donnant, de Serpentin vert, et de cent autres, n’y étaient pas oubliées. Il fut charmé d’y reconnaître le prince Lutin, car c’était son oncle à la mode de Bretagne. La pluie et le mauvais temps l’empêchèrent de s’arrêter davantage dans un lieu où il se mouillait jusqu’aux os, à joindre qu’il ne voyait point du tout aux endroits où la lumière des escarboucles ne pouvait s’étendre.

Il revint à la porte d’or ; il vit un pied de chevreuil attaché à une chaîne toute de diamants ; il admira cette magnificence, et la sécurité avec laquelle on vivait dans le château : « Car enfin, disait-il, qui empêche les voleurs de venir couper cette chaîne et d’arracher les escarboucles ? Ils se feraient riches pour toujours. »

Il tira le pied de chevreuil, et aussitôt il entendit sonner une cloche qui lui parut d’or ou d’argent, par le son qu’elle rendait ; au bout d’un moment la porte fut ouverte, sans qu’il aperçût autre chose qu’une douzaine de mains en l’air, qui tenaient chacune un flambeau. Il demeura si surpris qu’il hésitait à s’avancer, quand il sentit d’autres mains qui le poussaient par derrière avec assez de violence. Il marcha donc fort inquiet, et à tout hasard il porta la main sur la garde de son épée ; mais, en entrant dans un vestibule tout incrusté de porphyre et de lapis, il entendit deux voix ravissantes qui chantèrent ces paroles :

Des mains que vous voyez ne prenez point d’ombrage,
Et ne craignez en ce séjour
Que les charmes d’un beau visage,
Si votre cœur veut fuir l’amour.

Il ne put croire qu’on l’invitât de si bonne grâce pour lui faire ensuite du mal, de sorte que, se sentant poussé