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tout conduit avec soin et avec succès ; la jolie maison du bois fut faite en faveur de la princesse, et, sous la figure d’une vieille, elle l’avait régalée pendant plusieurs jours.

Dès que le prince reconnut ses troupes et qu’il alla trouver le roi son père, elle entra dans la chambre de Désirée : elle souffla sur son bras pour guérir sa blessure ; elle lui donna ensuite les riches habits sous lesquels elle parut aux yeux du roi, qui demeura si charmé qu’il avait bien de la peine à la croire une personne mortelle. Il lui dit tout ce qu’on peut imaginer de plus obligeant dans une semblable occasion, et la conjura de ne point différer à ses sujets le plaisir de l’avoir pour reine : « Car je suis résolu, continua-t-il, de céder mon royaume au prince Guerrier, afin de le rendre plus digne de vous. » Désirée lui répondit avec toute la politesse qu’on devait attendre d’une personne si bien élevée ; puis, jetant les yeux sur les deux prisonnières qui étaient dans le chariot, et qui se cachaient le visage de leurs mains, elle eut la générosité de demander leur grâce, et que le même chariot où elles étaient servît à les conduire où elles voudraient aller. Le roi consentit à ce qu’elle souhaitait : ce ne fut pas sans admirer son bon cœur et sans lui donner de grandes louanges.

On ordonna que l’armée retournerait sur ses pas ; le prince monta à cheval pour accompagner sa belle princesse : on les reçut dans la ville capitale avec mille cris de joie ; l’on prépara tout pour le jour des noces, qui devint très solennel par la présence des six bénignes fées qui aimaient la princesse. Elles lui firent les plus riches présents qui se soient jamais imaginés ; entre autres, ce magnifique palais où la reine les avait été voir parut tout d’un coup en l’air, porté