Page:Lescure - Le Monde enchanté.djvu/216

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

son visage, un chapeau de paille sur la tête, un sac de toile sur l’épaule, commença son voyage, tantôt à pied, tantôt à cheval, tantôt par mer, tantôt par terre. Elle faisait toute la diligence possible ; mais, ne sachant où elle devait tourner ses pas, elle craignait toujours d’aller d’un côté, pendant que son aimable roi serait de l’autre. Un jour qu’elle s’était arrêtée au bord d’une fontaine, dont l’eau argentée bondissait sur de petits cailloux, elle eut envie de se laver les pieds ; elle s’assit sur le gazon, elle releva ses blonds cheveux avec un ruban et mit ses pieds dans le ruisseau : elle ressemblait à Diane qui se baigne au retour d’une chasse. Il passa dans cet endroit une petite vieille toute voûtée, appuyée sur un gros bâton ; elle s’arrêta, et lui dit : « Que faites-vous là, ma belle fille ? vous êtes bien seule ! — Ma bonne mère, dit la reine, je ne laisse pas d’être en grande compagnie ; car j’ai avec moi les chagrins, les inquiétudes et les déplaisirs. » À ces mots, ses yeux se couvrirent de larmes. « Quoi ! si jeune, vous pleurez ! dit la bonne femme. Ah ! ma fille, ne vous affligez pas. Dites-moi ce que vous avez sincèrement, et j’espère vous soulager. » La reine le voulut bien : elle lui conta ses ennuis, la conduite que la fée Soussio avait tenue dans cette affaire, et enfin comme elle cherchait l’oiseau bleu.

La petite vieille se redresse, s’agence, change tout d’un coup de visage, paraît belle, jeune, habillée superbement ; et, regardant la reine avec un souris gracieux : « Incomparable Florine, lui dit-elle, le roi que vous cherchez n’est plus oiseau, ma sœur Soussio lui a rendu sa première figure, il est dans son royaume ; ne vous affligez point, vous y arriverez et vous viendrez à bout de votre dessein. Voilà