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mort. Vous obtiendrez, sans doute, cette maligne princesse, et, dès qu’elle sera en votre pouvoir, vous lui plongerez un poignard dans le sein. » Bel-à-Voir frémit d’horreur à ces mots : il se repentit de l’imprudence de ses serments ; mais il n’était plus temps de se dédire, et il ne voulut rien témoigner de son repentir à son frère, qui expira peu de temps après. Le roi Moult-Bénin en eut une sensible douleur. Pour son peuple, loin de regretter Riche-Cautèle, il fut ravi que sa mort assurât la succession du royaume à Bel-à-Voir, dont le mérite était chéri de tout le monde.

Finette, qui était encore une fois heureusement retournée avec ses sœurs, apprit bientôt la mort de Riche-Cautèle, et peu de temps après on annonça aux trois princesses le retour du roi leur père. Ce prince vint, avec empressement, dans leur tour, et son premier soin fut de demander à voir les quenouilles de verre. Nonchalante alla quérir la quenouille de Finette, la montra au roi ; puis, ayant fait une profonde révérence, elle reporta la quenouille où elle l’avait prise. Babillarde fit le même manège ; et Finette à son tour apporta sa quenouille ; mais le roi, qui était soupçonneux, voulut voir les trois quenouilles à la fois. Il n’y eut que Finette qui put montrer la sienne ; et le roi entra dans une telle fureur contre ses deux filles aînées, qu’il les envoya à l’heure même à la fée qui lui avait donné les quenouilles, en la priant de les garder toute leur vie auprès d’elle, et de les punir comme elles le méritaient.

Pour commencer la punition des princesses, la fée les mena dans une galerie de son château enchanté, où elle avait fait peindre l’histoire d’un nombre infini de femmes illustres qui s’étaient rendues célèbres par leurs vertus et par leur