Page:Lescure - Le Monde enchanté.djvu/168

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fourbissime. L’égout ni les contusions ne lui donnaient pas tant de chagrin que le dépit d’avoir trouvé quelqu’un plus fin que lui. Il se douta des suites de ses deux mariages ; et, pour tenter les deux princesses malades, il fit porter, sous les fenêtres de leur château, de grandes caisses remplies d’arbres tout chargés de beaux fruits. Nonchalante et Babillarde, qui étaient souvent aux fenêtres, ne manquèrent pas de voir ces fruits ; aussitôt il leur prit une envie violente d’en manger, et elles persécutèrent Finette de descendre dans le corbillon pour en aller cueillir. La complaisance de cette princesse fut assez grande pour vouloir bien contenter ses sœurs : elle descendit, elle leur apporta de ces beaux fruits, qu’elles mangèrent avec la dernière avidité.

Le lendemain, il parut des fruits d’une autre espèce. Nouvelle envie des princesses ; nouvelle complaisance de Finette ; mais les officiers de Riche-Cautèle, cachés, et qui avaient manqué leur coup la première fois, ne le manquèrent pas celle-ci : ils se saisirent de Finette et l’emmenèrent, aux yeux de ses sœurs, qui s’arrachaient les cheveux de désespoir.

Les satellites de Riche-Cautèle firent si bien, qu’ils menèrent Finette dans une maison de campagne, où était le prince pour achever de se remettre en santé. Comme il était transporté de fureur contre cette princesse, il lui dit cent choses brutales, à quoi elle répondit toujours avec une fermeté et une grandeur d’âme dignes d’une héroïne comme elle était. Enfin, après l’avoir gardée quelques jours prisonnière, il la fit conduire au sommet d’une montagne extrêmement haute, et il y arriva lui-même un moment après elle. Dans ce lieu, il lui annonça qu’on l’allait faire mourir, d’une ma-