Page:Lescure - Le Monde enchanté.djvu/167

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Elles parcoururent toutes les chambres du château sans trouver leur sœur ; enfin Finette s’avisa qu’elle pouvait bien être dans l’appartement du jardin : elles l’y trouvèrent, en effet, demi-morte de désespoir et de faiblesse, car elle n’avait pris aucune nourriture de la journée. Les princesses lui donnèrent tous les secours nécessaires ; ensuite elles firent ensemble des éclaircissements qui mirent Nonchalante et Babillarde dans une douleur mortelle ; puis toutes trois s’en allèrent reposer.

Cependant Riche-Cautèle passa la nuit fort mal à son aise, et, quand le jour fut venu, il ne fut guère mieux. Ce prince se trouvait dans des cavernes dont il ne pouvait pas voir toute l’horreur, parce que le jour n’y donnait jamais. Néanmoins, à force de se tourmenter, il trouva l’issue de l’égout qui donnait dans une rivière assez éloignée du château. Il trouva moyen de se faire entendre à des gens qui pêchaient dans cette rivière, dont il fut tiré dans un état qui fit compassion à ces bonnes gens.

Il se fit transporter à la cour du roi son père, pour se guérir à loisir ; et la disgrâce qui lui était arrivée lui fit prendre une si forte haine contre Finette, qu’il songea moins à se guérir qu’à se venger d’elle.

Cette princesse passait des moments bien tristes : la gloire lui était mille fois plus chère que la vie, et la honteuse faiblesse de ses sœurs la mettait dans un désespoir dont elle avait peine à se rendre maîtresse. Cependant la mauvaise santé de ces deux princesses, qui était causée par les suites de leur mariage indigne, mit encore la constance de Finette à l’épreuve. Riche-Cautèle, qui était déjà un habile fourbe, rappela tout son esprit, depuis son aventure, pour devenir