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cendre dans le jardin et d’en fermer la porte sur lui ; et qu’après elle lui parlerait, tant qu’il voudrait, par la fenêtre de sa chambre, qui donnait sur ce jardin.

Riche-Cautèle ne voulut point accepter ce parti ; et, comme la princesse s’opiniâtrait toujours à ne point vouloir ouvrir, ce méchant prince, outré d’impatience, alla quérir une bûche et enfonça la porte. Il trouva Finette armée d’un gros marteau, qu’on avait laissé, par hasard, dans une garde-robe qui était proche de sa chambre. L’émotion animait le teint de cette princesse, et, quoique ses yeux, fussent pleins de colère, elle parut à Riche-Cautèle d’une beauté à enchanter.

Il voulut se jeter à ses pieds ; mais elle lui dit fièrement, en se reculant : « Prince, si vous approchez de moi, je vous fendrai la tête avec ce marteau. — Quoi ! belle princesse, s’écria Riche-Cautèle de son ton hypocrite, l’amour qu’on a pour vous s’attire une si cruelle haine ? » Il se mit à lui prôner de nouveau, mais d’un bout de la chambre à l’autre, l’ardeur violente que lui avait inspirée la réputation de sa beauté et de son esprit merveilleux. Il ajouta qu’il ne s’était déguisé que pour venir lui offrir avec respect son cœur et sa main, et lui dit qu’elle devait pardonner à la violence de sa passion la hardiesse qu’il avait eue d’enfoncer sa porte. Il finit en lui voulant persuader, comme il l’avait fait à ses sœurs, qu’il était de son intérêt de le recevoir pour époux au plus vite. Il dit encore à Finette qu’il ne savait pas où s’étaient retirées les princesses ses sœurs, parce qu’il ne s’était pas mis en peine de les chercher, n’ayant songé qu’à elle. L’adroite princesse, feignant de se radoucir, lui dit qu’il fallait chercher ses sœurs, et qu’après on prendrait des mesures tous ensemble ; mais Riche-Cautèle