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mânes duquel on veut me sacrifier, ce rajah auquel fut enchaînée ma vie, à peine si je l’ai connu… Je ne veux pas mourir.

LE BRAHMANE.

Prières inutiles ! Tes cendres, mêlées à celles de ton époux, seront froides avant demain. (Des prêtres la saisissent.)

NAKAHIRA, veut secourir Aouda.

Aouda ! chère Aouda ! (Sur un geste du brahmane, on s’empare de Nakahira.)

LE BRAHMANE.

Toi qui as favorisé sa fuite, tu seras sévèrement punie. Emmenez-la ! (On va entraîner Nakahira.)

AOUDA.

Arrêtez !… et écoutez-moi.

LE BRAHMANE.

Parle.

AOUDA.

Hélas ! je le vois bien maintenant, je suis destinée à mourir, et rien ne peut plus me sauver ! mais je sais à quel point vous désirez entretenir le zèle religieux de votre peuple. Eh bien, que Nakahira soit libre, que son retour soit assuré jusqu’aux îles Malaises, et au lieu d’une victime que l’on porterait au bûcher endormie par vos soins, ce peuple me verra marcher au supplice le front haut et le visage souriant !…

LE BRAHMANE.

Tu le promets ?

AOUDA.

Je le jure.

LE BRAHMANE.

Il sera fait ainsi que tu le désires ! — Nakahira, tu es libre.

NAKAHIRA, dans les bras d’Aouda.

Aouda ! ne m’éloigne pas de toi ! Que je meure à tes côtés ! Que mon dernier soupir s’éteigne avec le tien !

AOUDA.

Non ! retourne au pays où tu étais reine, et que le ciel te conduise !

FOGG, à part.

Deux braves cœurs ! (Les deux femmes ont été séparées l’une de l’autre, et, sur un signe du brahmane, des gardes entraînent la Malaise hors du bungalow.)

NAKAHIRA, sortant.

Adieu donc, Aouda ! adieu !