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Michel, mon enfant, entends-moi, parle-moi, Michel !… Dis encore que tu me pardonnes tout ce que, par moi, tu as souffert !..

STROGOFF, d’une voix éteinte.

Mère ! mère !…

MARFA.

Ah !… il revient à lui !… (Regardant au fond.) Nadia ! Nadia ! (À ce moment, Nadia qui a rempli la gourde se relève, mais aussitôt le sergent tartare reparaît et se précipite vers elle.)

LE SERGENT.

À moi la belle fille !…

NADIA.

Laissez-moi !

LE SERGENT.

Non !… tu viendras de gré ou de force !… (Il veut l’entrainer.

NADIA.

Laissez-moi !… laissez-moi !

MARFA, apercevant Nadia.

Le misérable… Nadia… (Elle court à Nadia.)

LE SERGENT.

Arrière !… (Il repousse Marfa, saisit Nadia dans ses bras et va l’enlever.)

NADIA, poussant un cri.

À moi ! pitié !… à moi !

STROGOFF.

Nadia !… (Il se redresse, se lève ; puis par un mouvement irrésistible, il se jette sur un des fusils déposés prés de l’arbre, il l’arme, il ajuste le sergent et fait feu. Le sergent tombe mort.)

MARFA et NADIA.

Oh !… (Toutes deux, après être restées stupéfaites un instant, redescendent en courant auprès de Strogoff.)

STROGOFF.

Que Dieu et le czar me pardonnent !… Cette contrainte nouvelle était au-dessus de mes forces !

MARFA.

Ah ! Michel, mon fils, tes yeux voient la lumière du ciel !

NADIA.

Frère ! frère !… C’est donc vrai ?

STROGOFF.

Oui, oui, je te vois, ma mère !… Oui, je te vois, Nadia !…