Page:Les voyages au théâtre par A. D'Ennery et Jules Verne.djvu/327

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

voici maintenant sur la route que mon père a suivie deux années avant moi !

STROGOFF.

Mais il vous faudra traverser les montagnes de l’Oural, qui ont été funestes à tant de voyageurs !

NADIA.

Je le sais.

STROGOFF.

Et après l’Oural, les interminables steppes de la Sibérie ! Ce sont d’écrasantes fatigues à subir, de terribles dangers à affronter !

NADIA.

Vous avez subi ces fatigues ?… Vous avez affronté ces dangers ?

STROGOFF.

Oui, mais je suis un homme… j’ai mon énergie, mon courage !…

NADIA.

Moi, j’ai pour me soutenir l’espérance et la prière !

STROGOFF.

Ne savez-vous pas que le pays est envahi par les Tartares ?

NADIA.

L’invasion n’était pas connue quand j’ai quitté Riga. C’est à Nijni seulement que j’ai appris cette funeste nouvelle !

STROGOFF.

Et, malgré cela, vous avez continué votre route ?

NADIA.

Pourquoi vous-même avez-vous déjà traversé l’Oural ?

STROGOFF.

Pour aller revoir et embrasser ma mère, une vaillante Sibérienne qui demeure à Kolyvan !

NADIA.

Eh bien, moi, je vais revoir et embrasser mon père ! Vous faisiez votre devoir, je fais le mien, et le devoir est tout.

STROGOFF.

Oui !… tout !… (À part.) Cette jeune fille, si belle… seule… sans défenseur !… (À Nadia qui se dirige vers la gauche.) Où allez-vous ?

NADIA.

Je vais faire viser mon permis ! Des retards sont toujours à craindre, et si je ne partais pas aujourd’hui, qui sait si je pourrais partir demain !