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LE GÉNÉRAL.

Nous ferons très sévèrement garder la frontière que, sans passeport, il ne pourra franchir.

LE GOUVERNEUR, s’asseyant à la table et écrivant.

Que les ordres soient transmis sans retard. Il importe que le Grand-Duc soit prévenu au plus tôt, car cette lettre du ministre me marque que, d’après une correspondance, saisie depuis l’évasion d’Ivan Ogareff, le plan de ce traître serait de pénétrer dans Irkoutsk, et s’il y parvient, c’est la mort du Grand-Duc, objet de sa haine personnelle !

IVAN, à Sangarre.

Mais ils savent donc tout ?… Allons… (S’approchant.) Excellence !

LE GOUVERNEUR.

Que me veut-on ?… Qui ose se permettre ?…

IVAN.

Pardon, monseigneur…

LE GOUVERNEUR.

Ah ! c’est toi ! Eh bien !… Eh bien ! attends ! (Il continue d’écrire.)

IVAN, bas.

Que va-t-il décider ?

LE GOUVERNEUR, se levant. Au général.

Faites partir cette dépêche. Grâce à elle ce misérable ne passera pas la frontière, et toi… (Ivan s’incline.) tiens, voici ton permis… Personne n’entravera ta route !

IVAN, avec ironie.

Monseigneur, vous ne saurez jamais tout ce je vous dois de reconnaissance !

LE GOUVERNEUR.

C’est bon, c’est bon !… Va !

IVAN, à part.

Viens, Sangarre… Libre maintenant, et bientôt vengé !

(Ivan, Sangarre et les Tsiganes sortent par la porte de gauche, en même temps que Jollivet et Blount entrent par la droite.)


Scène VII

LE GOUVERNEUR, LE GÉNÉRAL, JOLLIVET, BLOUNT,
invités.
LE GOUVERNEUR, aux invités.

Eh bien, messieurs, n’entendez-vous pas l’orchestre qui vous appelle ?