Page:Les voyages au théâtre par A. D'Ennery et Jules Verne.djvu/283

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

GRANT.

Hélas ! la fièvre le dévore ! Un peu de neige fondue, voilà tout ce que j’ai pour l’apaiser ! (Il ramasse un peu de neige, qu’il met dans une tasse de fer, et il la fait fondra sur le feu.) Bois, James, bois !

JAMES.

Merci, père ! (Il retombe sur sa couche.)

GRANT.

Chaque jour ses forces diminuent ! Je le vois bien ! Mais il a pitié de moi, il me cache ses larmes, il ne me dit pas tout ce qu’il souffre ! Oh ! mon cœur éclate ! (Les sanglots l’étouffent ; il tombe à demi sur une roche ; puis, se relevant.) Plus de bois ! voilà notre dernier feu ! L’hiver que nous avons subi dans cet horrible désert a dévoré tout ce que cet aride îlot pouvait produire ! Et voici le second hiver qui commence, amenant, avec lui, cette effroyable nuit du pôle !… cette nuit de quatre mois !… Déjà les glaçons s’amoncellent de toutes parts, la banquise nous enveloppe et