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THALCAVE.

Oh ! je l’aurais tué, moi !

PAGANEL.

La colère a fait trembler ma main !

GLENARVAN.

Ben-Joyce, avez-vous dit ?…

THALCAVE.

Lui-même ! J’ai pu tuer un des convicts de sa bande, mais je suis revenu trop tard pour vous prévenir !

GLENARVAN.

Le Duncan perdu, son équipage massacré bientôt par ces misérables, et nous-mêmes à la merci des convicts !… Hélas ! que faire maintenant, que faire ?

MARY.

Je vais vous le dire, milord ?

GLENARVAN.

Vous, miss Mary.

MARY.

Mais avant tout, nous vous demandons pardon, mon frère et moi, de toutes les souffrances que vous avez subies, vous et les vôtres, pour tenter de sauver nos chers naufragés. Nous vous demandons pardon de cette blessure reçue pour nous, hélas ! des dangers que vous avez courus et de ceux qui vous menacent encore ! Pour nous vont succomber les braves matelots de votre équipage, et ceux qui se trouvent ici sont, à cause de nous, menacés de mort ! Pardonnez-nous, milord, pardonnez-nous !

ROBERT, s’agenouillant.

Pardonnez-nous !

GLENARVAN.

Relevez-vous, au nom du ciel, relevez-vous !

MARY.

Non !… laissez-moi achever ! Ici, la mort vous entoure de toutes parts. Il faut vous éloigner au plus vite ! Il faut retourner sur vos pas, fréter un nouveau navire et regagner l’Écosse ! Vous avez fait assez, pour de pauvres naufragés qui sont, hélas ! à jamais perdus, puisqu’aucune trace n’a été retrouvée, ni en Patagonie, ni à Valparaiso, ni dans cette Australie où vous menace la trahison ! Oubliez donc, milord, oubliez ceux qui nous sont chers, mais qui ne sont après tout