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GLENARVAN.

On ne vous permettra pas d’arriver jusqu’à Sa Majesté !

ROBERT.

Eh bien, moi j’irai l’attendre au passage, je me jetterai sous les pieds de ses chevaux, et si meurtri que je sois lorsqu’on me relèvera, il me laissera assez de force pour crier à la reine : Sauvez mon père et mon frère !

ARABELLE, pleurant.

Mais c’est un ange que ce petit diable-là.

MARY.

Viens, Robert, partons.

GLENARVAN.

Mademoiselle…

ROBERT.

Milord, permettez-moi de voir, avant de nous éloigner, ce document tombé entre vos mains… cet écrit…

GLENARVAN, lui remettant le papier.

Le voici…

ROBERT.

Ma sœur ! regarde ces ligues à demi effacées ! Oui, c’est bien l’écriture de notre père ! Vois ! vois ! Sa main n’a pas tremblé en les traçant !…

MARY.

Oui ! oui ! je les reconnais ! Oh ! chère et dernière lettre du naufragé, que je te couvre de mes baisers et de mes larmes !

ROBERT, pleurant.

Prends garde d’en rien effacer, ma sœur ! Hélas ! quelques mots, à peine, en sont encore Lisibles !

ARABELLE, sanglotant.

Ah ! mon cœur éclate !… Je ne puis plus… Je ne puis… (À Glenarvan.) Savez-vous bien, mon neveu, que ce lord de l’Amirauté est un homme sans cœur ?… oui, sans cœur, et je vais lui écrire ce que je pense de ses procédés inhumains ! Ces pauvres enfants, que vont-ils devenir ?

MARY.

Si Sa Majesté refuse de nous entendre, madame, eh bien, nous… nous… Ah ! je ne sais pas… je ne sais pas… (Les sanglots la suffoquent.)

GLENARVAN.

Avez-vous encore une famille à Glascow, mademoiselle ?