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dais sur le Britannia ? Ici comme à bord, je veux être obéi de tous !

AYRTON, avec rudesse.

Je ne sache pas qu’aucun de nous se refuse à faire son devoir !

GRANT, sévèrement.

Aucun de vous, ni officier, ni matelot ! J’y compte ! Le ciel nous a durement éprouvés, sans doute, en nous jetant sur cet îlot des mers australes, mais rien n’est encore désespéré. Je n’exige de vous que deux choses : un courage qui ne faiblisse jamais, une union que rien ne puisse altérer. À ce prix, je réponds du salut commun, et j’ai l’espoir d’achever notre tâche.

AYRTON.

Oubliez-vous donc que le Britannia est à demi brisé sur les récifs, et qu’il est impossible de le renflouer ?

GRANT.

Non ; mais je sais qu’avec du zèle et du travail nous pouvons mener notre œuvre à bonne fin. Disposez tout pour un campement provisoire. Voyez si l’on peut encore sauver quelques provisions. Ayrton, embarquez-vous avec quelques hommes. Vous m’entendez ?…

AYRTON, après avoir hésité.

Oui, capitaine.

GRANT.

Et vous, Forster, veillez à ce que personne ne touche à ce quartaut d’eau-de-vie, notre seule réserve peut-être !

FORSTER, regardant Ayrton.

Oui, oui !… On veillera !

GRANT.

Pendant ce temps, je vais visiter cet îlot que j’ai lieu de croire être l’îlot Balker des mers australes, situé non loin de la côte Adélie… Encore-une fois, mes amis, souvenez-vous ! Unis, nous sommes forts ! Désunis, nous sommes perdus !

JAMES.

Père, je t’accompagne ?

GRANT.

Viens, mon fils. Du haut de ces rochers, nous aurons vite pris un aperçu de l’îlot…

AYRTON.

Et s’il est habitable, capitaine ?