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L.


Un grand voelle obscurci parmy l'air s'estendoit,
Qui rouant dans son sein une humeur detenue,
Semait deçà delà une gresle menue,
Qui marteloit la terre, & tombant se fondoit.

Un autre vis à vis par le vuide pendoit,
Ou se formoit maint corps de figure incogneue,
Tantost jettant le feu à cillons de la nue,
Sous qui l'arc asseuré oblique se bandoit.

Quand celle que je sers follastrement coiffee,
Tenant de mille cueurs un superbe Trophee,
Rassereinant les Cieux effacea l'arc cornu :

Puis pour donner vigueur aux fleurettes descloses
Contr'imita Zefir, & soudain mille roses
Ornerent de Junon le bel estomac nu.


LI.



O brandons amoureux, pleins de divine flame,
Qui si loin de voz raiz accroissez mon ardeur :
Feu que mon intellect a receu pour vainqueur,
Et dont le souvenir vivement me renflame.

O celeste influence, en qui rayonne l'ame,
D'un monde tout parfait : ô brillante splendeur,
O trece cordelee, ou suivant mon erreur
Amour me garrota d'une si forte trame.

O doigts qui sont les fers pour estraindre au tourment,
Les cueurs que la parole a charmez doucement :
O chanter qui du Ciel les mouvemens domine,

O clairté de mon cueur dont je ne puis jouir,
O mille autres beautez qui la rendez divine,
Nous vous pourray-je voir ou pour le moins ouir ?