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des campagnes restèrent assez indifférentes. Les paysans vendéens et bretons ne pouvaient beaucoup se préoccuper, en effet, d’une agitation qu’ils ne connaissaient que fort vaguement, et dont les résultats trompèrent d’ailleurs les esprits les plus éclairés. La tranquillité, apparente ou réelle, de leurs prêtres et de leurs seigneurs, les rassuraient complètement ; d’autre part, les promesses des révolutionnaires n’avaient rien qui lut de nature à les séduire. On parlait de réformer les mœurs du clergé, de lui enlever une partie de ses privilèges et de ses richesses ; mais leurs prêtres, pleins de zèle, universellement respectés, ne revendiquaient d’autres privilèges que celui de se sacrifier à l’intérêt commun. D’ailleurs, si le clergé breton était riche, le clergé vendéen ne possédait guère plus que le nécessaire. On déclamait contre les droits féodaux, contre le luxe et la morgue des seigneurs ; mais les droits féodaux, dans ce qu’ils avaient de tyrannique ou seulement de rigoureux, n’existaient réellement pas pour la Vendée, ni même pour la Bretagne, où cependant ils étaient fort nombreux. Ces provinces, en même temps qu’elles avaient conservé plus de religion que le reste de la France, avaient aussi conservé plus de liberté. Dieu et le roi, tels étaient les seuls maîtres que voulussent reconnaître ces pauvres paysans, et encore était-il bien entendu que l’autorité royale ne serait respectée qu’autant qu’elle ne franchirait pas certaines limites. Ce fait a beaucoup étonné tous les écrivains , plus ou moins hostiles à l’influence religieuse, qui se sont occupés des guerres de la Vendée. L’un d’eux dit à ce sujet : « Ces