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SUR LE ROMAN DE RENART.

tantôt en bon accord, trouvent moyen de mener joyeuse vie. Un fils né de Richeut, lequel ne dégénère pas, Sanson ou Sansonnet, a de grands points de ressemblance avec Renart ; c’est le plus faux ami, le plus dangereux voisin, le plus effronté compère. Il se vante surtout de l’empire qu’il exerce sur les femmes :


Un cotel a dont les escorce,
   C’est la losange.... (V. 831.)


Il est pourtant à la fin trompé lui-même par sa mère et par Hersent, qui se trouve l’intermédiaire de la fraude et dont Richeut désire que son fils devienne amoureux. Mais comme elle étoit devenue vieille, on l’affuble de superbes vêtemens, on dissimule ses cheveux gris, on cache les rides de son front et les plis de son cou sous une large guimple, on étend le rouge et le blanc sur ses joues flétries :


De blanchet lui covre la face
      Et le menton ;
El vis assist le vermillon
      De sor le blanc,
Por ce que del natural sanc
      Pou i aveit ;
Hersans part belle, pas n’estoit.…

(V. 1119.)

Je laisse, pour abréger, la fin de l’aventure, dont le beau Sansonnet n’a pas lieu de se féliciter. Ce qu’il importoit de constater, c’est l’ancienneté des récits où figuroient Richeut et Hersent ; car dès lors, il n’y a plus besoin des glossaires germaniques pour justifier leur introduction dans le roman de Renart :