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NOUVELLE ÉTUDE

trois fois, entreprit le siége régulier de Toulouse, et vingt fois tenta de s’en emparer par moyens détournés, dans la période comprise entre les années 1158 à 1164. La paix définitive ne fut conclue entre le comte de Toulouse et Henry qu’en 1165. C’est donc vers 1160 que l’on peut placer la composition du dit de Richeut.

Ainsi Richeut avoit, au moment où parut la première branche du Renart françois, un mauvais renom très-populaire. Dans le fabliau des Deux bordéors ribaus, qui ne doit pas être moins ancien de beaucoup, un des jongleurs se vante de connoître les deux romans :


Si sai Richalt, si sai Renart.


Et dans un fragment conservé des anciens poëmes de Tristan, Brangien, la confidente de la reine Iseult, dit à sa maîtresse dans un moment de dépit :


Or me dites reïne Isolt,
Dès quant avés esté Richolt ?
Vos apréistes sun mister,…
Et d’une caitive traïr[1].

Éd. de F. Michel, t. II, p. 3.)

Cette pièce n’est pas assez édifiante pour nous engager à l’analyser avec exactitude. Il suffit de rappeler qu’après bien des aventures fâcheuses Richeut se lie à une autre fille de son espèce, nommée, chose bien remarquable, Hersent ou Herselot diminutif. Les deux bonnes robes, tantôt en querelle,

  1. M. Victor Le Clerc, dans une excellente notice sur les Fabliaux (Hist. litt. de la France, XXIII, p. 205), semble croire que la Richolt de ces vers est déjà la femme de Renart. J’y reconnois plutôt, aujourd’hui, l’héroïne du dit de Richeut.