se rappelle à la bienveillance de Gauthier et de Baudouin : le premier, abbé d’Egmont, le second, abbé de Lisborn en Westphalie, qui tous deux occupèrent cette dignité dans le même espace de temps, c’est-à-dire de 1130 à 1160. Mone, Grimm, Bormans et tous les critiques ont accepté ces dates, il est donc inutile de les soumettre à l’épreuve d’une démonstration nouvelle. Ainsi, d’après les passages relatifs aux deux patrons vivans de l’auteur, le poëme latin fut écrit de 1130 à 1160 ; et d’après les allusions au départ des croisés, aux premiers revers de l’expédition prêchée par saint Bernard, sa juste date doit être l’année 1148.
Jusqu’à présent, je marche assez d’accord avec M. Grimm, tout en précisant, plus qu’il n’a voulu
Dicere vis quia Jerosolmam aetneus ituros
Christicolas timuit per sua regna gradi ;
Papa ergo siculi ducis aere illectus utroque
Argolicum populos carpere suasit iter….
Improba ! tu nescis hoc quare Papa benignus
Fecerit, ausculta, cognita dico tibi.
Dimidiare solet numos ignobile vulgus,
Et dirimit sacram rustica turba crucem.
Hoc scelus est ingens, hic mundi pessimus error,
Taliter errantes Papa perire dolet….
Salvificare animas omnes vult Papa fidelis,
Cœlitus est illi creditus omnis homo.
Idcirco aes siculi sumpsit francique tyranni,
Angligenae et Daci, et totius orbis avet….
Materiam minuit signum cœleste secandi.
Quamvis non valeat tollere prorsus eam,
Hoc tulit aes siculum pacto ut, pietatis eodem,
Totius immensas tolleret orbis opes ;
Aes sibi non rutilum, non aes desiderat album,
Vult sibi commissum salvificare gregem.