Page:Les aventures de maître Renart et d'Ysengrin son compère, trad. Paulin, 1861.djvu/323

Cette page a été validée par deux contributeurs.
307
PRÉPARATIFS DU COMBAT.

son impatience, la lutte ne sera pas aussi facile qu’il se plait à le croire.

On vit arriver devant les barrières la prude dame Hermeline accompagnée des trois valets ses fils : Percehaie, Renardel et Malebranche. Tous quatre adressoient à Dieu de ferventes prières, lui demandant à genoux qu’il conduisît le bras de Renart et qu’il lui enseignât un tour à le rendre victorieux. Renart, témoin de leurs oraisons, les en remercia de la voix et du geste.

Dame Hersent étoit en même temps agenouillée dans l’oratoire qu’elle avoit fait élever de l’autre côté. Elle réclamoit à chaudes larmes l’aide du Seigneur, pour qu’il ne laissât pas revenir son époux de la bataille, et pour que la victoire demeurât à son ami cher ; elle n’avoit oublié ni les déclarations de l’un, ni les indiscrétions de l’autre, et si damp Ysengrin a le pire, ce n’est pas la franche bourgeoise Hersent qui s’en affligera.

Quand le roi Noble vit la foule se pressant autour des barrières et demandant à grands cris le commencement du combat, il fit approcher Brichemer et lui donna la charge de juge du camp ; c’est lui qui redigera la formule du serment, maintiendra le bon usage et proclamera le vainqueur. Brichemer remplit dignement son office : il choisit d’abord trois barons