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CINQUANTIÈME-CINQUIÈME AVENTURE.

ardens. C’en est fait ; on va lui fermer la retraite et le retenir prisonnier. Mais en ce moment, il découvre le sommet de Maupertuis et cette vue ranime ses espérances : il fait un dernier effort, il gagne enfin cet asyle, impénétrable à tout autre. Maintenant, que Noble en forme le siége ; il y passera plusieurs années avant d’en briser les portes. Renart a des vivres pour longtemps ; il attendra tout à son aise ceux qui le poursuivent. Sa femme qui l’honore et le vénère, avertie par les trompes de l’armée royale, vint recevoir son noble époux à la première entrée, dans la compagnie de ses trois fils, Percehaie, Malebranche et Rovel (aucuns nomment ce dernier Renardel). Il est alors entouré, caressé, embrassé. On visite ses plaies ouvertes, on les lave de vin blanc ; puis on l’asseoit sur un coussin moelleux. Le diner est servi, Couart manquoit seul à la fête ; mais damp Renart étoit si las qu’il ne put guères manger que le filet et le croupion d’une geline. Le lendemain, il fut saigné et ventousé ; et quelques jours suffirent pour lui rendre ses anciennes forces et la meilleure santé.

Le Translateur. Nous ne suivrons pas l’ancien poëte au siège de Maupertuis, entrepris par l’armée du Roi : cette partie de l’histoire