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CINQUANTIÈME-QUATRIÈME AVENTURE.

ma vie à celui qui m’a ravi tout ce qui me la faisoit aimer ; mais si je reviens, c’est avec lui que vous me retrouverez. »

Cela dit, Drouineau prend congé de son ami. Il arrive devant Maupertuis, et tressaillit en reconnoissant le maître de la maison, tranquillement accroupi près de la fenêtre. « Renart, se mit-il à crier du plus haut de sa tête, « leve-toi, viens me joindre à mes chers enfans ; je ne puis vivre plus longtems sans eux. J’irois bien me livrer à toi, si tes fenêtres étoient ouvertes ; mais peut-être ne voudrois-tu pas violer les droits de l’hospitalité. « Au moins je veux t’attendre ici ; je n’en bougerai pas que tu ne sois arrivé. »

Renart à demi endormi se réveille à cette douce voix : il jette un cri de plaisir, se lève et arrive à l’endroit où Drouineau lui avoit parlé. Mais celui-ci n’a pas encore fait ses dernières dispositions ; il vole à quelque distance, puis s’arrête. « Ah ! » dit Renart, « fi, du peureux ! on diroit que tu trembles maintenant, et que tu n’oses m’attendre. Tu crois peut-être que je te veux mal : erreur ! en vérité, je n’ai pas cessé de regreter le petit mauvais tour que je t’avois joué. Si je veux t’approcher, c’est pour t’engager à vivre pour faire une bonne paix avec toi. — Je vous crois Renart ; mon premier mouvement