Page:Les aventures de maître Renart et d'Ysengrin son compère, trad. Paulin, 1861.djvu/290

Cette page a été validée par deux contributeurs.
274
CINQUANTIÈME AVENTURE.

CINQUANTIÈME AVENTURE.

D’un meulon de foin sur lequel Renart passa la nuit, et comme il céda la place au vilain qui le vouloit prendre.



On étoit au temps de la fenaison ; le jour commençoit à tomber. Renart complètement satisfait de l’excellent repas qu’il venoit de faire, prit le parti de se coucher sur une meule de foin, pour y attendre le lever du soleil : car il savoit qu’il est dangereux de se mettre en route aussitôt après avoir mangé ; au moins les médecins le prétendent-ils. Renart s’endormit donc sur le meulon. Vers le point du jour, il eut un mauvais rêve. Il croyoit être chez lui, près de sa chère Hermeline. Le château de Maupertuis prenoit feu, des flammes en sortoient de tous côtés, une puissance invincible le retenoit et l’empêchoit de se dérober à une mort certaine. Comme il faisoit un dernier effort pour entraîner Hermeline, il se réveilla inondé d’une sueur froide. « Saint-Esprit ! » dit-il en se signant avant de bien ouvrir les yeux, « préservez mon corps de male aventure ! » Il regarde alors autour de lui et voit avec terreur que pendant la nuit,