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QUARANTE-HUITIÈME AVENTURE.

lui fasse ainsi qu’à ses deux frères : ils reprennent la route du château, et chemin faisant, ils demandent nouvelles de tout ce qui peut les intéresser. Comme ils approchoient des fossés, ils distinguent fuyant vers le bois un goupil que le voisinage des chiens avoit fait lever. « Ah ! vraiment, » dit le Chevalier en riant, « c’est le même goupil qui m’a déjà tant gabé ; je le reconnois. — Gabé ! » font les autres, « et comment ? — Je vais vous le dire : Je l’ai fait deux fois chasser ; quand il se voit trop pressé des chiens, il se prend à fuir vers le château, nous l’y voyons entrer : nous tournons le pont, nous fermons les portes, et nous avons beau chercher nous ne le trouvons pas. Impossible de savoir où il se retire. — Ami, » dit le père, « bien fin celui qui trompera le goupil ; cependant si vous faisiez délier vos chiens, on pourroit le chasser et lui ôter tout moyen de retraite. »

Sur-le-champ les valets mettent les chiens aux pistes de Renart ; mais dès que celui-ci reconnoit leurs voix, il reprend le chemin du château. Ce fut un cri général. Les veneurs ont beau crier et les chiens aboyer, Renart atteint le pont et franchit la porte. Les valets, les écuyers accourent, se tuent à chercher, à tout ouvrir et bouleverser, autant de peines inutiles. On prend alors le parti d’en rire, le Chevalier