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QUARANTE-SIXIÈME AVENTURE.

en avant sur un grand chasseur gris[1]. Ils ne tardèrent pas à lever un goupil, et le Veneur appellant les chiens : Or çà ! or çà ! par ici le Goupil ! Les chiens suivent et les chasseurs. Mais Renart a pris de l’avance ; il quitte le bois, saute sur le pont tournant et gagne la porte du château. Quand le Chevalier le voit entrer : « Il est à nous, » dit-il, « il s’est rendu lui-même. » Et s’élançant à toute bride, il arrive au château le premier, descend de l’étrier que tient un sénéchal, et bientôt tous les autres rentrent et descendent dans la cour après lui.

Ils cherchent partout le goupil, ils fouillent les étables, les chambres, les cuisines, ils retournent tout et ne le découvrent pas. Ils reviennent dans les grandes salles, regardent sous les tables ; ils montent aux secondes chambres (l’étage supérieur), descendent dans les celliers, visitent tous les coins et recoins, regardent sous les bancs et jusques dans une vielle ruche dont on avoit enlevé le miel ; ils n’y trouvent pas le goupil. « Mon Dieu ! » font-ils, « qu’est-il devenu ? comment personne ne l’a-t-il pu découvrir ? il faut donc qu’il soit rentré sous terre ! — Tout ce que je sais, » dit le Chevalier, « c’est que je l’ai vu passer la

  1. Cheval.