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QUARANTE-QUATRIÈME AVENTURE.

vous parlez ainsi. Vous êtes vraiment pire qu’un hérétique. Ne vous êtes-vous pas confessé de vos anciens méfaits ; n’en avez-vous pas battu votre coulpe ? — Je l’avois oublié, » répond Renart, « éloignons-nous donc, puisque vous le voulez. — Hélas ! que tu recules ou avances, tu mourras sans devenir meilleur ; tu resteras parjure et foi-mentie ! Conçoit-on un pareil aveuglement ! Tu cours aventure de mort, et tu le sais ; tu as eu le bonheur de faire ta dernière confession, et tu songes à recommencer ta méchante vie ! Maudite l’heure où ta mère te laissa tomber sur terre ! — Oui, mon beau cousin, vous avez raison ; cheminons et ne querellons pas. » La crainte de son cousin le retenoit ; pourtant, de temps en temps, il tournoit la tête du côté de la Grange aux Nonnes, et s’il avoit été le maître, il n’eût pas manqué de fondre sur la volatille, au risque d’aventurer les mérites de sa confession.

D’ailleurs il avançoit à contre cœur. Plus il approchoit et plus il trembloit d’inquiétude. Mais voilà que la dernière montagne est franchie, la vallée se découvre où siége la Cour, et déjà la séance étoit ouverte, quand ils mirent pied à terre et demandèrent à être introduits.