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mandise de la défunte ; vous disposerez sa sépulture dans le terrain qui sépare le jardin de la plaine. »

Brun se hâta d’obéir. Il revêt l’étole ; le Roi et tous les membres du parlement commencent les Vigiles. Le limaçon Tardif chanta seul les trois leçons, le pieux Rooniaus entonna le verset, et Brichemer le trait. L’oraison custodiat anima fut prononcée par damp Brun.

Après les Vigiles, les Matines ; puis le corps fut porté en terre. On l’avoit auparavant enfermé dans un beau cercueil de plomb. La fosse creusée au pied d’un chêne fut recouverte d’une lame de marbre sur laquelle on traça à la griffe ou au ciseau l’épitaphe suivante :

ci gist copette la seur pinte,
qui mourut en odeur de sainte,
livrée a martyre dolent
par renart le vilain puant.

On ne pouvoit voir, durant la cérémonie, Pinte fondre en larmes, prier Dieu et maudire Renart, Chantecler roidir les pieds de désespoir, sans être profondement ému et attendri.

Et quand les grandes douleurs furent appaisées, les pairs se rendirent auprès du Roi. « Sire, » lui dirent-ils, « nous demandons vengeance de ce glouton, fléau de tous, violateur de la foi jurée. — Très-volontiers, » dit le roi