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LA SEMONCE DE RENART.

Le Lion tournant la face vers lui fit un signe de consentement ; et Brichemer après s’être incliné continua de la manière suivante :

« Écoutez-moi, Seigneurs, et reprenez-moi si je ne dis pas bien. Nous avons d’abord reconnu que la clameur d’Ysengrin devoit être reçue et qu’on y feroit droit ; mais s’il veut mieux prouver la justice de sa cause, il devra présenter, à jour nommé, un troisième garant des faits dont il demande vengeance. Ensuite, nous avons établi que le témoignage de sa femme n’étoit ici d’aucune valeur et ne pouvoit lui donner aucun avantage. Le point fut vivement débattu entre Brun et Baucent ; mais le Conseil parut se tenir à la décision que je viens d’exposer. La chose est d’ailleurs arrangée de façon que nul n’ait droit de se plaindre. Dimanche, à l’issue de la messe, Renart fera le serment et, sans desemparer, le jugement sera rendu devant Rooniaus le mâtin ; quel qu’il soit, les deux parties devront y souscrire et consentir à une reconciliation mutuelle. »

« Par les saints lieux de Bethléem ! » dit gaiment le Roi, « j’aurois donné plus de mille livres pour être ainsi déchargé de cette fâcheuse affaire. Voilà donc qui est bien entendu : la Cour se réunira dimanche, au sortir de la messe, devant le vertueux Roo-